mardi 10 février 2015

Culte de la beauté éternelle, signe d'un déséquilibre?

** WATCH OUT **

**MONTÉE DE LAIT**

Aujourd'hui, l'apprentie-artisane de produits de beauté bio s'exprime en tant qu'intervenante jeunesse et sort son langage de psychologie et de psychanalyse. Soyez avertis!

Je me sens souvent révoltée, écoeurée, découragée. Je suis entourée de personnes extraordinaires, avec des valeurs solides et inspirantes, qui se permettent des changements de vie, des transformations (de l'intérieur), des moments de doute, des violentes maturations... Je vois la beauté de ces personnes, je les trouve rayonnantes, émouvantes. Cette beauté, je la perçois dans le regard, dans une façon d'habiter ce corps qui est le leur, dans la façon qu'ils ont d'être présents, d'être vivants, vulnérables et vrais.

C'est pour ça que je me sens impuissante et triste si je vois certaines de ces personnes être malheureuses, complexées, en quête d'un produit miracle qui arrêtera le temps, qui effacera les marques, qui leur fera avoir 20 ans malgré leur 30, 40 ou 50 ans. Quand je vois des hommes fabuleux s'identifier à leur corps de muscle comme autant d'armures protectrices, délaissant d'autres chemins qui les rendraient peut-être plus heureux.

Cela dit, je vois une grande différence entre se donner de la douceur, prendre soin de sa peau, de son corps et investir la majeure partie de son identité dans son apparence extérieure. Apparence, disons-le, sur qui la vie et le temps laisseront des marques. On n'échappe pas au temps. L'industrie cosmétique l'a bien compris, y a qu'à voir les pubs! On nous vend du déni. On veut y croire. On pense que si l'enveloppe est jolie, le reste ira bien.

Hum hum.

Vraiment?

Et si le culte de la beauté et de la jeunesse éternelle n'était qu'une névrose de notre temps? Et si ce culte socialement valorisé cachait juste l'angoisse du vide, de la mort? Il faut voir combien de programmes télévisés célèbrent la construction d'un corps de muscle, la perte de poids, les make-over, le maquillage qui camoufle, la lutte contre les taches de vieillesse, les rides, la peau flétrie, la guerre aux varices, à la cellulite... Il faut voir combien on tombe dans le piège, combien d'efforts on met pour réparer l'extérieur, dans l'espoir, peut-être, que ça ira mieux en dedans.

Ça m'inquiète.

Et quand le temps laisse sa trace sur nous, que reste-t-il? L'angoisse? L'impression d'être "fini-e"? De ne pas avoir sa place dans le monde? La mort en face?

Qu'est-ce qu'on gagne à tenter de prolonger l'adolescence le plus longtemps possible? Est-ce que c'est pas paniquant de prendre comme modèle de beauté le corps d'une adolescente de 14 ans? D'un garçon avec des gros bras bien musclés? Qu'est-ce que ça véhicule comme message?

Bah oui. Ça m'inquiète vraiment.

Surinvestir l'enveloppe au détriment du contenant, ça m'apparaît comme un signe de déséquilibre, d'une angoisse intense de vide et de finitude. Oui, la beauté. Se bichonner juste parce que ça rime avec se materner, tout en douceur. Mais pas au prix de ton âme.

Non?

Non!